Paroisse de l'Église Apostolique Arménienne de Lyon et des Environs
/, Comprendre la liturgie/Le symbole de la foi de l’Eglise d’Arménie

Le symbole de la foi de l’Eglise d’Arménie

La profession de foi de l’Église d’Arménie est le Symbole dit « d’Athanase », dont l’usage liturgique fut adopté au VIe siècle en lieu et place du Symbole de Nicée. Conforme à l’Hermeneia, un Symbole antérieur à 373 et déjà attribué à saint Athanase, il est relativement proche du Symbole de Nicée-Constantinople (381). L’attribution à saint Athanase d’Alexandrie, sans aucun doute inexacte, ne fut peut-être pas formelle mais put correspondre à l’usage ancien qui plaçait volontiers les écrits liturgiques sous l’autorité d’un Père de l’Église particulièrement estimé.
Les particularités du Symbole d’Athanase sont nées pour l’essentiel de l’usage qui était en vigueur en Orient jusqu’à la généralisation du Symbole de Nicée-Constantinople au VIe siècle : chacune des Églises avait sa propre formulation du Symbole de la foi, constituée à partir d’une structure commune mais laissant place à des variantes parfois significatives (Symboles de Jérusalem, de Salamine, d’Antioche, de Mopsueste…). Lorsqu’un évêque entrait en charge, il envoyait à ses frères dans l’épiscopat le Symbole de son Église, que ceux-ci reconnaissaient avant d’admettre le nouvel évêque à leur communion.
Le Symbole d’Athanase se dit à la première personne du pluriel – « Nous croyons… » conformément aux Symboles les plus anciens dont la portée était profondément liturgique et communautaire. Cet usage ancien est d’autant plus précieux qu’il se fonde sur la prière que le Christ nous a enseignée : « Vous donc, priez ainsi : Notre Père… ».
L’humanité du Christ est particulièrement soulignée : là où le Symbole de Nicée-Constantinople affirme en peu de mots que le Christ « a pris chair de la Vierge Marie par l’Esprit Saint et s’est fait homme », le Symbole de saint Athanase s’attarde sur l’Incarnation : le Christ « s’est incarné, s’est fait homme, et est né parfaitement de Marie, la Vierge sainte, par l’action de l’Esprit Saint et il prit d’elle corps, âme et esprit et tout ce qui est dans l’homme, en réalité et non fictivement ». Le Christ est « monté aux cieux avec le même corps » et « viendra avec le même corps ». Notons que le Symbole de saint Athanase est l’un des nombreux textes dogmatiques et liturgiques qui écartent sans ambiguïté le monophysisme prêté à l’Église apostolique d’Arménie.
Quant au « Filioque » (formule affirmant que l’Esprit saint procède du Fils comme du Père), il ne figure pas dans le Symbole d’Athanase, pas plus que dans le texte original du Symbole de NicéeConstantinople en usage dans les autres Églises de tradition orthodoxe. Introduit en Occident à la fin du VIe siècle et adopté au XIe siècle par l’Église romaine, qui eut, selon l’expression d’un théologien catholique renommé, « l’audace de procéder de manière unilatérale à une nouvelle addition », le « Filioque » constitue toujours un point d’achoppement du dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises de tradition orthodoxe, qui enseignent que l’Esprit procède du Père seul et repose de toute éternité sur le Fils.