Paroisse de l'Église Apostolique Arménienne de Lyon et des Environs
//Les conciles oecuméniques

Les conciles oecuméniques

L’Église apostolique d’Arménie reconnaît trois conciles œcuméniques :

1°/ Le concile de Nicée (325) auquel participa le patriarche Aristakès, successeur de saint Grégoire l’Illuminateur qui mourut la même année. Le concile de Nicée demeure le concile œcuménique par excellence et le premier pilier de la foi confessée par l’Église apostolique d’Arménie.

2°/ Le concile de Constantinople (381). Lorsqu’il décida de réunir un nouveau concile, l’empereur Théodose 1er ne convoqua guère que les évêques de la partie orientale de l’empire romain. Les régions sous influence latine furent peu représentées et le pape de Rome lui-même ne reçut aucune convocation. Les Églises décentrées furent tout simplement ignorées : aucune convocation ne fut adressée aux évêques égyptiens, perses ou arméniens (à l’exception des évêques de la Petite Arménie), partie occidentale du royaume arménien annexée par l’empire romain en 297 et dont les évêques relevaient entièrement de la juridiction de l’Église grecque). Peu après le concile, le désintérêt de l’empereur pour l’Arménie se traduisit par son refus de fournir une aide militaire aux princes arméniens dans leur lutte contre le roi de Perse, dont l’armée marchait sur le peuple arménien afin de le convertir au mazdéisme. Quelques années plus tard, en 387, il n’hésitera pas à s’entendre avec la Perse païenne pour se partager le royaume arménien, annexant de facto un cinquième de son territoire et livrant le reste à la royauté perse qui, l’année du concile de Chalcédoine (451), tentera une nouvelle fois d’imposer le mazdéisme au peuple arménien, dans un bain de sang qui plongera l’Arménie dans quatre décennies d’une profonde désolation. L’Église d’Arménie sut néanmoins s’attacher à la défense de la foi nicéenne contre l’arianisme, et reçut pleinement les canons du concile de Constantinople (date incertaine). En conséquence, le titre d’œcuménique, conféré au concile de Constantinople par les évêques réunis dans la même ville en 382, lui fut aussitôt reconnu. Depuis, lors de chaque liturgie, l’Église apostolique d’Arménie commémore les rois et empereurs croyants « Abgar, Constantin, Tiridate, et Théodose », retenant de ce dernier sa lutte contre l’arianisme et l’adoption de la foi chrétienne comme religion officielle de l’empire romain. Les pères cappadociens, dont l’influence fut considérable au concile de Constantinople (essentiellement Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse), demeurent les principales références christologiques de l’Église apostolique arménienne.

3°/ Le concile d’Éphèse (431). L’Église d’Arménie, alors soumise à l’autorité d’anti-patriarches syriens imposés par la tutelle perse, ne put y participer. De retour de captivité vers 432, le patriarche saint Sahag fit acheminer les actes de Constantinople par un disciple de saint Mesrob Machtots, puis convoqua un concile qui se tint à Achtichat et ratifia les canons éphésiens. L’ensemble des Églises reconnaît l’œcuménicité du concile d’Éphèse, à l’exception toutefois de l’Église de Perse (Église apostolique assyrienne d’Orient, trop rapidement qualifiée de « nestorienne ») qui en refusa la christologie.

L’Église d’Arménie, non plus que l’Église d’Égypte, ne fut convoquée au concile de Chalcédoine (451) ; mais même si elle l’avait été, il n’est pas certain qu’elle aurait pu envoyer une délégation, l’Arménie luttant contre l’occupation de l’armée perse et le mazdéisme que l’on tentait de lui imposer de force. L’Église apostolique d’Arménie ne reconnaît pas les conciles ultérieurs comme œcuméniques. De son point de vue, il est difficile de considérer ces conciles autrement que comme des conciles particuliers à l’Église byzantine et/ou à l’Église romaine. L’Église orthodoxe affirme ainsi l’œcuménicité des quatre conciles postérieurs au concile d’Éphèse (Chalcédoine en 451 – Constantinople II en 553 – Constantinople III en 680-681 – Nicée II en 787), quand l’Église catholique regarde en outre comme œcuméniques treize conciles postérieurs à Nicée II.

Le seul fait que les Églises d’Arménie et d’Égypte n’aient pas été convoquées pourrait suffire, canoniquement, à contester l’œcuménicité du concile de Chalcédoine (451). Il faut néanmoins reconnaître que les conciles de Constantinople et d’Éphèse n’étaient pas d’une canonicité irréprochable, ce qui ne remet pas pour autant en cause leur œcuménicité et leur autorité. Les Églises non convoquées au concile de Chalcédoine auraient pu ainsi remédier à son défaut d’œcuménicité en adoptant ses canons, ainsi qu’elles le firent pour le concile de Constantinople. Elles ne l’acceptèrent pas pour des motifs parfois très différents, certains dépassés ou infondés, d’autres non dépourvus de pertinence et qu’il conviendrait d’entendre.

En tout état de cause, l’Église apostolique d’Arménie espère la tenue d’un nouveau concile authentiquement œcuménique, malgré les innombrables obstacles qui le rendent illusoire dans les circonstances actuelles.