Les lectures du jour:
Ésaïe 24,21-25,8: « Seigneur, tu es mon Dieu, je t’exalte et je célèbre ton nom, car tu as réalisé des projets merveilleux, conçus depuis longtemps, constants et immuables. » (verset 25,1)
Actes (des apôtres) 7,47-50: « Mais ce fut Salomon qui lui bâtit une maison. Et pourtant le Très-Haut n’habite pas des demeures construites par la main des hommes. Comme dit le prophète: le ciel est mon trône et la terre un escabeau sous mes pieds. Quelle maison allez-vous me bâtir, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos? N’est-ce pas ma main qui a créé toutes ces choses? »
Galates 4,1-7 : « Mais, quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et assujetti à la loi, pour payer la libération de ceux qui sont assujettis à la loi, pour qu’il nous soit donné d’être fils adoptifs. Fils, vous l’êtes bien: Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie: Abba_Père! » (versets 4 à 6)
Lecture de l’Évangile : Luc 2, 41-52 :
« Ses parents allaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, comme ils y étaient montés suivant la coutume de la fête et qu’à la fin des jours de fête ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem en le cherchant. C’est au bout de trois jours qu’ils le retrouvèrent dans le temple, assis au milieu des maîtres, à les écouter et les interroger. Tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur l’intelligence de ses réponses. En le voyant, ils furent frappés d’étonnement et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Vois, ton père et moi, nous te cherchons tout angoissés. » Il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth ; il leur était soumis ; et sa mère retenait tous ces évènements dans son cœur. Jésus progressait en sagesse et en taille, et en faveur auprès de Dieu et auprès des hommes. »
MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
D’après la loi de Moïse (Lv 12, 2-8), la mère d’un enfant mâle devait, quarante jours après la naissance, présenter l’enfant devant le tabernacle et offrir en holocauste, comme purification » de son flux de sang « , soit un agneau soit une paire de colombes ou de pigeons. La présentation d’un enfant premier-né avait aussi le sens d’un rachat, car tout premier-né, aussi bien animal qu’humain, était considéré comme appartenant à Dieu (Nb 18, 14-18). Marie et Joseph obéirent à ce précepte de la loi. Ils apportèrent au Temple Jésus qui fut béni par le vieillard Siméon et reconnu comme sauveur par la prophétesse Anne. C’est cet événement que nous célébrons dans la fête du 2 février [1].
Aux vêpres de la fête, le soir du 1er février, on lit trois leçons de l’Ancien Testament. La première (Ex 13, 1-16) formule les préceptes relatifs à la circoncision et à la purification, mis dans la bouche de Dieu parlant à Moïse. La deuxième (Is 6, 1-12) décrit la vision des séraphins aux six ailes par Isaïe et la manière dont un des séraphins, avec un chardon ardent, purifia les lèvres du prophète ; ce passage a vraisemblablement été choisi à cause de quelques paroles qui pourraient symboliquement préfigurer la venue du Christ dans le Temple : » Les gonds du seuil vibraient… et le Temple se remplissait de fumée… et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur des Armées « . La troisième leçon (fragments du chapitre 19 d’Isaïe) ne se comprend bien que si on lit le chapitre tout entier : on voit alors que la venue du Seigneur en Égypte, la destruction des idoles égyptiennes en sa présence, et son adoration pas les Égyptiens peuvent s’appliquer à la révélation que le Christ a faite de lui-même aux païens, ( » lumière pour éclairer les nations « , comme dit le cantique de Siméon.) L’évangile lu à matines (Lc 2, 25-32) est un abrégé de celui qui est lu à la liturgie (Lc 2, 22-40) et qui relate la présentation de Jésus au Temple. L’épître de la liturgie (He 7, 7-17), parle de Melchisedek rencontrant Abraham ; déjà Lévi a payé la dîme à Melchisedek » en la personne d’Abraham… car il était dans les reins de son aïeul… » ; le sacerdoce aaronique rendait ainsi hommage au sacerdoce éternel ; de même, pouvons-nous inférer de ce texte, que le Temple de Jérusalem, en la personne de Siméon qui accueille et bénit Jésus, rend hommage au sacerdoce du Christ. On sait que le cantique de Siméon, » Laisse maintenant, Seigneur, ton serviteur s’en aller en paix « , est devenu un élément de l’office divin quotidien, à Rome comme à Byzance. La phrase de Siméon [2] à Marie, » un glaive te transpercera l’âme… « , jette un rayon de lumière sur le mystère de la participation de la Très Sainte Vierge à la Passion de son Fils.
» Allons, nous aussi… à la rencontre du Christ et accueillons-le, ornez votre chambre… et recevez le Christ Roi… Et accueillez Marie la porte du ciel « . Ces chants de la fête de la Présentation s’appliquent aussi à notre âme. Chaque âme devrait être un Temple de Dieu, où Marie apporte Jésus. Et chacun de nous, comme Siméon, devrait prendre l’enfant dans ses bras et dire au Père : » Mes yeux ont vu ton salut. La prière de Siméon, » laisse ton serviteur s’en aller en paix « , ne signifie pas seulement que celui qui a vu Jésus et l’a tenu dans ses bras peut maintenant quitter cette vie, mourir en paix. Elle signifie encore pour nous que, ayant vu et touché le Sauveur, nous sommes délivrés de la servitude du péché et nous pouvons nous éloigner en paix du royaume du mal.
NOTES: [1] Cette fête existait à Jérusalem dès la première moitié du Ive siècle. L’empereur Justinien 1er l’introduisait en 542 dans tout l’empire byzantin. Nous la trouvons célébrée à Rome au VIIe siècle. En Orient, la Présentation (ou, selon le terme grec, la » rencontre « ) est considérée comme une des fêtes de notre Seigneur. En Occident, c’est plutôt une fête de la sainte Vierge ; on la nomme généralement » Purification de la bienheureuse Vierge Marie « . L’usage latin de bénir des cierges le 2 février date du XIe siècle. L’Église d’Arménie célèbre quarante jours après la Nativité (célébrée le 6 Janvier), le 14 Février, la fête de la Présentation de notre Seigneur Jésus-Christ au Temple.
[2] Nous ne savons pas qui était Siméon, pas plus que nous ne savons qui était Anne. Il est possible que Siméon ait été un fils du célèbre rabbin Hillel et le père du pharisien Gamaliel que mentionne, plutôt avec sympathie, le livres des Actes (5, 34). Certains textes rabbiniques pourraient être interprétés dans ce sens. Il est aussi possible que Siméon ait eu deux fils, Gharinus et Leucius, dont parle l’évangile apocryphe de Nicodème. Mais nous n’avons pas l’ombre de certitude historique à ce sujet.
Extrait du livre L’An de grâce du Seigneur, signé « Un moine de l’Église d’Orient », Éditions AN-NOUR (Liban) – Éditions du Cerf, 1988.